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1 mars 2014 6 01 /03 /mars /2014 12:36

Le choix par le Président de la République des nouveaux "grands hommes" (au sens générique du terme) n'est pas en lui même contestable. Il appelle cependant, me semble t-il, quelques remarques.

Il concerne essentiellement des héros de la Résistance. Or, si cette période de notre histoire est légitimement représentée au Panthéon, faut-il uniquement incarner la reconnaissance de la Patrie dans ses héros? La résistance, c'est l'héroïsme individuel, mais pourquoi oublier, au début de ce centenaire de la guerre de 14-18, le reconnaissance due à ces millions de français qui se sont dresses contre l'ennemi, défendant pied a pied pendant quatre ans dans des conditions épouvantables le territoire national, des bataillons perdant des centaines de combattants pour gagner, perdre, régagner... quelques mètres du "sol sacré de la Patrie" (comme l'on disait alors) parfois. Lisant "ceux de 14" de Maurice Genevoix, on découvre l'héroisme au quotidien, et surtout ce sens du devoir qui conduit à se battre, a affronter l'horreur, sans se poser personnellement en héros, mais seulement parce qu'on le doit, pour sa patrie, sa famille... C'est le mouvement d'un pays, d'une Nation, au delà des différences de classes, comme en témoigne si bien le film "la Grande illusion". Il est aujourd'hui de bon ton de faire de ces officiers, et surtout de ces soldats des victimes, et parmi eux de consacrer comme victimes ultimes ceux qui ont été jugés et condamnés pour ne pas avoir su, ou pu, faire face. Ces derniers méritent aujourd'hui toute notre compassion et je crains d'avoir pu être des leurs. Ils méritent, pour certains, une réhabilitation, mais ils ne peuvent être la figure dans laquelle les jeunes générations doivent se reconnaître. Les vrais héros, anonymes, comme le soldat inconnu, ou non, sont ces combattants, véritables représentants de l'heroisme d'un Peuple qui croit à des valeurs et les défend au prix de sa vie et au moins de celui du don de quatre ans de cette vie dans la peur, la misère et le combat. On aurait pu souhaiter que cette image de l'héroïsme d'un Peuple, et non seulement de quelques individus, dépasse les interminables listes de noms sur les monuments aux morts, auxquels ne se rendent même plus les enfants et leurs maîtres le 11 novembre, pour entrer au Panthéon.

Heros et hérault de ce combat, courageux et lucide, Maurice Genevois aurait mérité de faire entrer avec lui au Panthéon la cohorte de ces héros anonymes de combats de 14-18.

Mais le temps n'est plus celui de cet héroïsme, de ces valeurs, le seul combat qui vaille est le combat idéologique, celui en particulier des droits de l'homme. Il est nécessaire, il est fondamental, mais on peut penser qu'il ne suffit pas à éclairer notre histoire et à construire notre cohésion. Et ce n'est pas oublier, ou falsifier, ce souvenir de la "Grande guerre" qui nous épargnera le retour de cette horreur absolue qu'est la guerre, et dont nous nous croyons, bien imprudemment, préservés.

Bertrand Mathieu

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commentaires

J
Je suis tout à fait d'accord avec vous.
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