Tout est en place, le Président, l'Assemblée, le Gouvernement, même s'il manque encore un président à la seconde et une version 2 au troisième.
La pièce va bientot se jouer, imaginons Brecht plutot que Courteline, bien que quelques épisodes eussent pu faire les belles heures d'"au théatre ce soir".`
Je profite de ces quelques heures ou le temps est suspendu, pour revenir de manière experimentale et non scientifique sur le vote en faveur du Front national. Fallait-il, à droite,
proner le "ni oui-ni non" ou le Front républicain"? là ne me semble pas etre la vraie question, ou tout du moins toute la question.
Sans vouloir froisser quiconque, ni rallier des propos démogogiques, il convient avant de cacher ce front que l'on ne saurait voir, ou de crier à l'assassin, de s'interroger sur les raisons qui
conduisent des électeurs, non confrontés aux affres de lieux que l'on appelle "les cités" ou "les quartiers" (l'histoire des mots est souvent un bon stimulant pour des questions pertinentes... à
defaut de réponse), à apporter leur suffrage à des candidats qui se rallient au panache "bleu marine" et dont l'implantation locale est, au demeurant, assez faible.Quelques mots
d'explication d'un ancien conseiller municipal de base, ayant vécu cette fonction aussi modeste que pleine d'enrichissements, pendant vingt ans. Une commune, où la population est presque
exclusivement "blanche", de souche catholique, ou, au contraire, plutot "bouffeuse de curés", ou une promenade le soir sous la lune expose à assez peu de risques, bref une commune de français
dits moyens, ou la surface pavillonaire tend à l'emporter largement sur celle reservée aux fermes, et ou comme dit la chanson, le maire était socialiste, l'adjoint avait des sympathies pour
l'extreme droite, et l'autre penchait pour la droite plus traditionnelle. Bref une population assez banale, bien qu'assez exotique pour certains bobos parsiens. En fait un autre monde qui ignore
assez les moeurs des élites politico-intellectualo-journalistico parisiennes, independamment de ce qu'il en voit à la television ou en lit (ou plutot regarde) dans Gala, mais un monde tout aussi
ignoré de ces élites qui representent à leurs propres yeux la quintessence de la "démocratie", une démocratie sans le Peuple, cela va de soi. On sait dans ce monde, celui des élites, que ce
peuple ne comprend rien et que la démocratie, c'est en fait faire le bonheur du Peuple malgrè lui grace à la frange éclairée et quelque peu oligarchique... Mais j'arrete: l'invective de populiste
est deja au bord des lèvres de mes deux ou trois lecteurs.
En fait pour redevenir sérieux, cette population que l'on appellle "rurbaine", ni des champs, ni des villes, se sent déclassée. Elle ne se sent entendue ou defendue, ni par une droite qui, à ses
yeux, et la gauche le lui dit tous les jours, défend les obscures puissances d'argent, ni par une gauche, qui à ses yeux, et la droite le lui dit tous les jours, defend et aide les étrangers
profiteurs et les français qui ne veulent pas travailler. Ils ne sont pas étrangers, ils n'ont pas des problèmes de riches, il travaillent ou cherchent à travailler, ils sont assez indifférents,
voire légèrement hostiles aux problèmes des minorités, de la parité, de l'écologie politique, du mariage homosexuel, plutot catholiques, ils ne vont pas à la messe, sauf pour les communions, les
mariages ou les enterrements, assez deconnectés de la part liturgique et symbolique de la cérémonie, ils sont plutot nationaux, mais ne vont guère aux ceremonies du 14 juillet (sauf pour le bal)
ou du 11 novembre (sauf pour l'apéritif en mairie). Bref personne ne les représentent. Les idées "marinisée" du Front national leur semblent finalement pas si dangereuses que cela, et "eux au
moins, il disent ce que l'on pense tout bas" et ce que le politiquement correct a interdit, et puis c'est la seule manière qu'ils ont de protester contre la gauche et la droite qui ne les
representent pas. Le Front de gauche... Melenchon, il les amuse, mais ils sont un peu "possedants", leur maison, leur voiture et les rouges, les partageux cela fait toujours un peu peur à ceux
dont les origines paysannes ne sont pas loin.
Si la droite traditionnelle s'allie au Front national, elle court au suicide, si elle se "bouche le nez" et adopte la logique du Front républicain" elle se condamne à l'impuissance et fait le jeu
de son adversiare socialiste, devenu tout à la fois son directeur de conscience et son juge de paix..
La vraie question est de comprendre les problèmes que rencontrent ces populations, ce sont de vrais gens, comprendre leur psychologie, savoir leur parler,, mener une politique qui permette la
création de richesse (ou pour le moins ne constitue pas un handicap à cette création) et reserve l'aide sociale a ceux qui en ont vraiment besoin, qui lutte contre la fraude des nantis, et celle
des petits profiteurs..., les incivilités (le politiquement correct n'est pas loin) des "gosses de riche" et celles des "voyous des cités" on pourrait ainsi continuer la litanie. La leçon
s'adresse à la gauche comme à la droite, sont-ils capables de le comprendre, sont-ils capables de le vouloir?